La calibration vidéo, à quoi ça sert ?
Vous avez forcément été confronté un jour ou l’autre à des choix de réglages sur votre téléviseur ou vidéoprojecteur, et cela vous a peut-être paru compliqué, d’où l’idée de faire éventuellement appel à une personne plus qualifiée que vous. Mais un calibrage vidéo professionnel coûte relativement cher (entre 200 et 1000 € en général), donc beaucoup de gens renoncent à faire calibrer leurs diffuseurs d’images. Le but de cet article est donc de vous expliquer l’intérêt d’un calibrage vidéo.
Calibration ou calibrage, que faut-il dire ?
Calibration est un anglicisme c’est-à-dire un mot tiré de l’anglais. En français il faudrait plutôt dire « calibrage » mais le terme « calibration » est devenu tellement courant qu’il est toléré. Pour ma part j’utilise les deux.
Qu’est-ce qu’une calibration vidéo ?
Cela consiste à ajuster les couleurs afin qu’elles correspondent à la volonté des réalisateurs des films. C’est donc un petit peu comme la haute fidélité en audio, il s’agit de rester fidèle à l’œuvre originale. Cette notion de fidélité est importante car elle représente une des principales motivations pour faire calibrer sa TV ou son projecteur. Autrement dit, tant qu’on ne fait pas calibrer son diffuseur d’images, on a toujours un doute sur les couleurs, ce qui est toujours inconfortable quand on est un minimum exigeant.
Mon point de vue sur la calibration vidéo
Dans le domaine de la colorimétrie vidéo, il n’existe pas vraiment de normes au sens où on l’entend habituellement, c’est-à-dire ISO, NF ou CE, mais des préconisations de l’industrie du cinéma et de la télévision. Celles-ci indiquent la luminance cible des pics lumineux (48 candelas/m² pour la vidéoprojection et 120 candelas/m² pour les images de télévision), la courbe de gamma à choisir et l’espace de couleur à viser (par exemple Rec.709 en SDR). Un calibrage vidéo professionnel est donc censé respecter ces préconisations, mais étant donné qu’il n’existe pas de normes imposées, il est possible de prendre quelques libertés. En effet, des images calibrées « à la norme » plaisent à une part infime de la population, la plupart des gens trouvant ces images trop peu lumineuses et un peu fades. C’est ce que je constate dans l’exercice de mon métier de calibreur vidéo au quotidien. Mais, s’il est possible de prendre quelques libertés, un calibrage vidéo s’avère rarement inutile car, pour disposer d’une « belle image », il existe un certain nombre de réglages à effectuer. Voyons cela immédiatement.
Les points déterminants de l’équilibre d’une image
Comme je le disais précédemment, il est possible de prendre quelques libertés par rapport aux préconisations de l’industrie du cinéma et de la télévision. Par exemple, en ce qui me concerne, il est rare que je respecte les 48 ou 120 candelas/m², dont je parlais précédemment, sauf si le client me le demande. Mais, pour disposer d’une « belle image », il y a certains points sur lesquels on ne peut pas transiger :
- Avoir des noirs profonds, mais pas bouchés.
- Avoir des blancs éclatants, mais pas brûlés.
- Avoir des gris et des blancs sans dérives, c’est-à-dire disposer d’une balance des blancs équilibrée.
- Choisir ou régler une courbe de gamma adaptée
Il est très rare que tous ces points soient réunis en « sortie de carton », pour votre télé ou votre vidéoprojecteur, c’est pour cela qu’un calibrage vidéo peut s’avérer nécessaire, pour peu que vous soyez un peu exigeant quant à la qualité de votre image.
Le réglage de la luminosité
Tout comme la bonne gestion du gamma dans les basses lumières, le réglage de la luminosité est crucial pour disposer de noirs profonds tout en conservant une bonne lisibilité des scènes sombres. Vous pouvez le constater ci-dessous où pour une photo on voit bien les détails dans l’image, notamment la barbe et les dents de Morgan Freeman (Oblivion), et pour l’autre on ne voit plus aucun détail, la faute à de mauvais réglages.
Le réglage du contraste
Le réglage du contraste sert à avoir des blancs éclatants sans être brûlés (voir ci-dessous les nuages dans le ciel).
La calibration de la balance des blancs
Les téléviseurs et les projecteurs numériques utilisent la synthèse additive des couleurs c’est-à-dire que celles-ci sont obtenues par addition des trois couleurs primaires : rouge, vert et bleu. Cela est aussi vrai pour les gris et le blanc. Si pour l’ensemble de l’échelle de gris les trois couleurs primaires ne sont pas bien équilibrées à parts égales, alors les gris et le blanc vont présenter des dérives. S’il y a trop de rouge, les gris vont paraître un peu trop rouge ou rose, et la température de couleur moyenne va être trop chaude. S’il y a trop de vert, l’image va avoir une teinte verdâtre désagréable. Et s’il y a trop de bleu, les gris vont paraître bleutés et la température de couleur moyenne va être trop froide. Tout ceci est illustré avec les 3 photos ci-contre : la première présente une température de couleur trop chaude (excès de rouge dans l’échelle de gris), la seconde est bien équilibrée avec une température de couleur à 6500 K et la dernière présente une température de couleur trop froide (excès de bleu). Malheureusement je ne suis pas un bon photographe, les photos ne sont donc pas très fidèles à ce que j’ai vu dans la réalité, mais je peux vous garantir que les écarts étaient plus importants en vrai et que les images à 5000 K et à 10000 K étaient inutilisables. Cela dit, ça permet de se faire une idée sur l’importance de la balance des blancs.
Rééquilibrer la balance des blancs consiste donc à régler les 3 couleurs primaires afin que l’échelle de gris ne présente plus de dérives.
Choisir ou ajuster le gamma
J’avais déjà expliqué lors d’un article précédent ce qu’est le gamma, mais pour faire simple s’il est trop faible l’image va être trop claire et va présenter comme un voile blanc. A l’inverse s’il est trop élevé, l’image va paraître trop sombre et les noirs des scènes sombres risquent d’être bouchés. Avoir un gamma bien ajusté est donc crucial pour disposer d’une image à la fois bien contrastée et lisible dans les parties sombres. Vous pouvez constater l’effet du gamma sur les 3 photos ci-contre, dont l’une correspond à un gamma à 1.6 (image sur-exposée), une autre à 2.2 (la valeur recommandée) et la dernière à 2.8 (tous les détails ont disparu derrière Tom Cruise).
Conclusion
A part si vous êtes suffisamment qualifié et équipé pour le faire par vous-même, faire réaliser une calibration par un professionnel est souvent le meilleur moyen de profiter pleinement d’un téléviseur ou d’un vidéoprojecteur. Et lorsque vous avez investi des milliers d’euros dans un appareil, il est quand même dommage d’avoir un doute sur la fidélité des couleurs ou sur le fait d’exploiter complètement votre précieux. Parfois ça gâche le plaisir !