Bien choisir votre toile technique : les 5 points clés

Bien choisir votre toile technique : les 5 points clés

Qu’est-ce qu’une toile technique ?

Dans la majorité des cas, la vidéoprojection home cinéma s’effectue en pièce de vie, souvent dans un salon au plafond blanc et aux murs clairs, et parfois même avec un peu de lumière ambiante. Dans ces conditions, il est inutile d’espérer obtenir une image bien contrastée, mais au contraire, les noirs sont gris, les couleurs sont délavées et l’image présente un voile blanc. Pour répondre à cette problématique, une nouvelle génération de toiles dites « techniques » est venue véritablement révolutionner l’expérience de la vidéoprojection en pièce de vie, depuis à peu près 5 ans.

Les anglo-saxons parlent d’écrans à réjection de lumière ambiante (Ambient Light Rejection Screen dont l’abréviation est ALR Screen), mais en France nous employons plutôt le terme de « toile à contrôle de lumière », ce qui est sans doute l’appellation la plus appropriée. En effet, ces toiles filtrent la lumière issue du projecteur en la renvoyant principalement dans l’axe de l’écran. Ainsi le plafond, le sol et les murs latéraux sont beaucoup moins éclairés qu’avec une toile blanche traditionnelle. Ce filtrage est bidirectionnel car la lumière issue des quatre côtés est aussi contrôlée. En outre, ces toiles techniques sont grises, ce qui améliore encore la résistance à la lumière ambiante et ce qui approfondit les noirs dans l’image.

Une toile technique, comment ça marche ?

Le principe s’appuie sur l’emploi de paillettes métalliques qui jouent deux rôles. Le premier consiste à contrôler la lumière c’est-à-dire que ce sont ces paillettes qui en assurent le filtrage bidirectionnel. Le second consiste à « booster » la luminosité de la toile afin de compenser sa couleur grise.

Donc, pour avoir une toile lumineuse, il va falloir s’appuyer sur une forte densité de paillettes, mais cela peut se faire au détriment de la discrétion de l’effet de paillettes que nous allons aborder plus tard.

Une toile technique, pourquoi faire ?

Comme nous l’avons vu précédemment, en pièce de vie la pollution lumineuse est souvent importante, il est donc très courant d’avoir besoin d’une toile technique. Et, dans ce cas, celle-ci ne fait peut-être pas de miracles, mais elle permet souvent d’avoir une image aussi contrastée, voire plus, que si la projection s’effectuait en salle dédiée sombre du sol au plafond ! C’est dire à quel point les toiles techniques sont pratiques pour bon nombre d’entre nous !

Les 5 points clés

1- L’effet de paillettes

Il s’agit de points de brillance visibles sur les aplats clairs de l’image. Cet effet peut donner un aspect « vitre sale », un peu comme si on regardait l’image au travers d’un verre mal nettoyé. L’effet de paillettes est donc un des inconvénients majeurs de ce type de technologie, il va donc falloir choisir votre toile technique avec soin de manière à minimiser cet effet.

Certaines toiles sont réputées pour la discrétion de l’effet de paillettes. C’est le cas de la DNP Supernova 08-85 et de la Daylight Eclipse chez Xtrem Screen, deux toiles au comportement très proche, ou de la Daylight Reference 1.1 Gen2, toujours chez la marque française Xtrem Screen. A l’inverse, pour certaines marques « low cost », que je ne citerai pas pour ne vexer personne, cet effet peut être très gênant, voire rédhibitoire pour les plus exigeants. Sur la photo ci-contre, vous pouvez observer un fort effet de paillettes avec un échantillon de toile Helios Grey de la marque Adeo Screen.

Echantillon Helios Grey placé sur la toile Daylight Reference 1.1 Gen2

2- La directivité, les angles de vision et le hotspot

Il faut distinguer directivité verticale et directivité horizontale. Une forte directivité verticale signifie que le filtrage en direction du plafond et du sol va être important, ces derniers seront donc peu éclairés, ce qui est tout à fait bénéfique pour préserver le contraste de l’image. C’est par exemple le cas avec la Daylight Eclipse comme vous pouvez le voir avec la vidéo ci-contre. Dans cette dernière, l’échantillon de toile Daylight Eclipse est placé sur la Daylight 0.9. Ainsi, vous pouvez voir que ces deux toiles ont des angles de vision larges. En revanche, la Daylight Eclipse possède un filtrage vertical de la lumière beaucoup plus fort, d’où son nom « Eclipse » car elle a tendance à plonger la pièce de projection dans le noir, beaucoup plus que ne le ferait une toile blanche.

Directivité horizontale et verticale de la toile Daylight Eclipse

La directivité horizontale est liée aux angles de vision. Si ces derniers sont larges, alors la toile est peu directive horizontalement. Quelques toiles sont connues pour leur faible directivité horizontale, comme par exemple la Daylight 0.9 ou la Daylight Eclipse, dont vous avez pu observer le comportement dans la vidéo ci-dessus. Intéressons-nous maintenant aux angles de vision d’une toile technique réputée outre-Atlantique, à savoir la Phantom de chez Stewart. Comme vous pouvez le voir sur les vidéos ci-contre, ses angles de vision sont beaucoup plus étroits que ceux de la Daylight Reference 1.1 Gen2. Comme quoi cherté et marque illustre ne sont pas forcément des gages de performances dans tous les domaines !

Comparaison Stewart Phantom vs Xtrem Screen Daylight Reference 1.1 Gen2 – Angles de vision

Quant au hot spot, il est lié à la directivité horizontale et verticale de la toile. Si celle-ci est très directive sur ces deux axes, alors il y a de grands risques de hotspot. Dans ce cas, pour minimiser celui-ci, il faudra que le projecteur soit centré par rapport au milieu de l’écran et placé le plus loin possible. En outre, vous éviterez de choisir une toile fortement directive sur les deux axes, si vous possédez un projecteur à focale courte, comme par exemple les petits Benq (W1090, W2000, etc.).

Comparaison Stewart Phantom vs Xtrem Screen Daylight Reference 1.1 Gen2 – Angles de vision

3- La luminosité et la profondeur des noirs

Ces deux caractéristiques sont évidemment liées, et, en général, il est difficile de disposer à la fois d’une forte luminosité et de noirs profonds. Par exemple, la Supernova 08-85 délivre des noirs profonds, mais cette toile est assez sombre. Le constat est identique avec la Radiance chez ScreenLine (voir photo ci-contre).

A l’inverse, certaines toiles sont très lumineuses, comme la Daylight 2.0 de Xtrem Screen, mais ses noirs sont moins profonds que ceux de la Supernova 08-85 par exemple.

A ma connaissance, la toile qui réalise le meilleur compromis entre luminosité et noirs profonds est la Daylight Reference 1.1 Gen2de Xtrem Screen.

Echantillon Radiance placé sur la toile Daylight Reference 1.1 Gen2

4- Le prix

Il est difficile de choisir un écran technique en faisant complètement abstraction de son prix ! Mais, étant donné que les prix vont parfois du simple au double, voire plus, une question revient souvent : qu’est-ce qui justifie de tels écarts ? C’est simple, c’est la qualité de la toile, c’est-à-dire la minimisation des inconvénients liés aux toiles techniques, mais c’est aussi la qualité du châssis et le niveau de finition. Comparer une toile technique « low cost » avec une autre de grande marque, c’est un peu comme comparer une Fiat avec une Ferrari, vous comprenez aisément qu’il ne s’agit pas des mêmes performances !

Il n’en reste pas moins que certaines toiles « low cost » pourraient être intéressantes pour les petits budgets, mais malgré tout il faut toujours garder à l’esprit qu’avec ce type de produit il y aura toujours quelque chose qui « cloche », que ce soit la luminosité, l’effet de paillettes, des angles de vision étroits, ou tout simplement la finition médiocre de l’écran.

5- Une toile technique adaptée à votre cas

Nous n’avons pas tous les mêmes attentes, le même budget ou le même environnement, donc ce qui peut être valable pour votre voisin ne le sera pas forcément pour vous. Il va donc falloir choisir en fonction des quatre premiers points listés ci-dessus afin que l’écran technique que vous achèterez soit le plus adapté possible à votre cas. Par exemple, il n’est pas bien avisé d’opter pour une toile technique qui présente un effet de paillettes important si vous y êtes sensible, vous finirez forcément par vous lasser de votre écran. C’est pareil pour la luminosité, si vous choisissez une toile technique sombre alors que votre projecteur était déjà juste en luminosité sur toile blanche, ça va être compliqué !

Conclusion

La toile technique parfaite et universelle n’existe pas, encore moins si en plus elle doit être bon marché ! Mais il en existe forcément une adaptée à votre situation. Bien sûr, moins vous accorderez un budget important à votre écran technique et plus il faudra faire des concessions sur certains points. Mais, une chose est sûre, si vous êtes un peu exigeant, il est presque toujours préférable d’opter pour une toile technique plutôt que de subir tous les méfaits de la pollution lumineuse en pièce de vie.

Pour aller plus loin

Herve-THIOLLIER

Hervé THIOLLIER

Expert en cinéma privé – Calibreur vidéo – Revendeur de matériel audio et vidéo toutes marques.

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